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L'école autrichienne d'économie, la dynamique de l'économie.

INFLATION 2022

13 Octobre 2022 , Rédigé par Le blog autrichien

Inflation 2022

 

Réflexions et petit billet d’humeur sur l’inflation en 2022.

 

L’inflation qui marque l’année 2022 fait pousser des cris de triomphe à ceux qui professent que la création monétaire crée l’inflation. Enfin, les effets de la création monétaire débridée depuis 2008 se font sentir. L’Europe et les USA en paient le prix.

 

Le constat de la cause et de l’effet semble faire l’unanimité, puisque les banques centrales augmentent leurs taux pour juguler l’inflation. Enfin le retour à la raison face aux effets des excès des taux négatifs ? Pas si simple.

 

Une question se pose. Pourquoi l’inflation n’apparaît-elle que maintenant ? Pourquoi pas avant, alors que la folie de la création monétaire dure depuis 2008 ? La question mérite d’être étudiée.

 

Petit détour théorique d’abord. D’où vient l’idée que la création monétaire crée de l’inflation ? Il y a la théorie commune : la théorie quantitative de la monnaie, intégrée dans le corpus qu’on peut qualifier de dominant, ou de mainstream. Le levier monétaire sert à la fois à stimuler l’économie, par la création monétaire, quand c’est nécessaire, et à la ralentir, quand l’inflation se fait sentir, l’inflation étant un signe de surchauffe. Nous voyons déjà que l’économie a été stimulée depuis 2008, et que les taux remontent alors qu’elle n’est pas vraiment en surchauffe ! Il y a des incohérences.

 

L’école autrichienne d’économie professe également que la création monétaire crée de l’inflation, mais tient compte de l’effet Cantillon. C’est-à-dire que l’inflation, la hausse des prix, se manifeste d’abord là où la monnaie est introduite. Tous les prix n’augmentent pas de la même manière ni en même temps. Tandis que la théorie dominante considère une augmentation simultanée, une inflation généralisée. L’école autrichienne souligne aussi la difficulté de comprendre l’économie par une approche empirique, et préfère l’apriorisme axiomatique de Ludwig von Mises, c’est-à-dire, en quelque sorte, la réflexion. Les statistiques ne permettent pas de comprendre l’économie.

 

Maintenant, d’où vient la hausse des prix en 2022 ? De la création monétaire ? Nous avons pu faire un lien entre le plan de relance US en 2021, indirectement financé par la création monétaire, et l’inflation cette année-à aux USA. Mais il faut se souvenir que toutes les hausses de prix ne sont pas dues à la création monétaire. Nous avons en 2022 de multiples causes non monétaires aux hausses de prix.

 

L’interventionnisme de l’État est une cause majeure. La politique de confinement, d’encouragement du télétravail, a perturbé le marché des ordinateurs, créant une forte demande, et donc le marché des semi-conducteurs, stimulant la demande de puces pour ordinateurs. Dans le même temps, la demande de puces pour véhicules automobiles a baissé, les revendeurs d’automobiles ayant eu l’obligation de fermer. Quand les interdictions ont cessé, les fabricants d’automobiles ont été confrontés à une pénurie de puces, car le marché avait eu d’autres priorités. Baisse de la production de véhicules entraînant une hausse des prix. Difficile d’accuser la création monétaire pour cette inflation.

 

Les politiques de confinement ont gravement perturbé et le commerce, et la production en général. La production a diminué, puis augmenté fortement, créant des goulets d’étranglement, dans le transport maritime par exemple, ce qui provoque des augmentations de prix. Une partie de l’inflation vient indéniablement des politiques de confinement.

 

Ensuite, il y a la guerre en Ukraine. Cette guerre a fait augmenter considérablement les prix de l’énergie. L’énergie est une matière première pour toutes les industries, et même les services. Une augmentation des prix de l’énergie se répercute à tous les niveaux. La guerre en Ukraine, pays qui depuis la chute du communisme, ce système totalitaire et qui entraîne des pénuries, a retrouvé son rôle de grenier de l’Europe, a aussi suscité des inquiétudes sur l’approvisionnement en certains produits agricoles. D’où des augmentations de prix.

 

Par conséquent, l’inflation en 2022 a certainement peu à voir avec la création monétaire. C’est l’action étatique qui en est la cause. La guerre étant une action étatique, tout comme l’idée de dépendre en matière de fourniture d’énergie, directement, ou indirectement par la production d’électricité (la France a mené une politique de diminution de la production d’électricité par le nucléaire au profit d’importation d’électricité produite par le gaz, le charbon, et la lignite en provenance notamment d’Allemagne), d’un pays sous le coup de sanctions internationales depuis 2014, en l’occurrence la Russie.

 

Est-ce à dire que la création monétaire ne crée pas d’inflation, finalement ? Deux remarques à ce sujet. D’abord, l’effet Cantillon. La création monétaire a d’abord eu pour but de financer les Etats. Les banques centrales ont d’abord acheté des obligations d’État. Ce qui a fait baisser le coût de financement des Etats. Les banques ou d’autres institutions étant plus ou moins obligées d’acheter des obligations d’État, les taux de financement ont pu être négatifs. Ce qui signifie que les prix des obligations ont augmenté. Cependant, on réfute le terme d’inflation pour les actifs financiers. On peut éventuellement parler de bulle, quand les prix dévissent trop fortement, et qu’on dit qu’une bulle explose. Cependant, il s’agit bien d’une inflation due à la création monétaire.

 

Les banques centrales ont aussi acheté des obligations émises par des acteurs privées, ainsi que d’autres types de créances. La baisse des taux des obligations entraîne la recherche de plus haut rendement dans les actions, ce qui fait augmenter le cours des actions. Mais, une fois encore, on refuse à cette augmentation le qualificatif d’inflation.

 

Donc, oui, la création monétaire débridée a provoqué une inflation, celle des actifs financiers, là ou la monnaie a été introduite.

 

Cependant, comment évaluer la création monétaire ? Est-ce que, malgré la création monétaire des banques centrales, la création de monnaie globale n’a pas diminué ? En effet, ce qu’il faut savoir, c’est qu’il n’y a pas que les banques centrales qui créent de la monnaie. Toutes les banques créent de la monnaie. Un crédit bancaire, c’est de la création monétaire. Donc, évaluer la création monétaire n’est pas si simple.

 

Le grand économiste Henri Lepage soutient ainsi que la création monétaire a diminué. En cause, la création monétaire de ce qu’on pourrait appeler de super banques, à l’échelle internationale. Je vous laisse lire ce qu’en dit Henri Lepage, dans cet article, qui vous mènera vers un autre article également. Ce qui n’empêche pas Henri Lepage de considérer que la création monétaire des banques centrales a provoqué une augmentation des prix des actifs financiers, en raison de l’effet Cantillon.

 

La théorie d’Henri Lepage a le mérite de souligner la complexité de l’économie, et la difficulté de l’appréhender à l’aide de statistiques. En statistiques, l’adage dit qu’on ne trouve que ce qu’on cherche. Les statistiques ne sont pas inutiles aux décideurs, mais elles ne permettent pas d’élaborer une théorie économique (voir ici et ici).

 

En conclusion, l’économie est un système complexe. Une hausse des prix peut avoir plusieurs causes, et plusieurs causes peuvent entraîner des hausses des prix dans des secteurs différents. Il faut utiliser les statistiques avec précaution, car les statistiques ne sont que des tests d’hypothèses, de théories, qu’on cherche à prouver. Il ne faut surtout pas se précipiter sur une statistique au simple motif qu’elle semble confirmer une théorie.

 

On notera que, si la hausse des taux de la part des banques centrales en 2022 est bienvenue pour rétablir une courbe normale des taux, et quitter l’irrationalité des taux négatifs, elle n’aura pas d’effet sur l’inflation, sauf par le ralentissement économique induit, peut-être. Mais ce sont les ajustements de marchés qui permettront la stabilisation ou la baisse des prix.

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E
oui, Pendant des années on a oublié l'inflation. Cela impose d'adapter sa stratégie
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