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L'école autrichienne d'économie, la dynamique de l'économie.

Que sont les libéraux devenus?

19 Septembre 2023 , Rédigé par Le blog autrichien

Que sont les libéraux devenu ?

Que sont les libéraux devenus? La question se pose, après leur absence pendant la période covidesque. Les valeurs libérales ont été bien peu défendues. Précisons que le sujet ici n'est pas de dire si tel traitement est efficace ou non, si la vaccination est efficace ou pas. Il s'agit de déterminer quelle aurait dû être l'attitude libérale, le discours libéral, pendant cette période. Et de la comparer avec la réalité.

 

Résumons d'abord ce qu'est le libéralisme. Pour ensuite déterminer ce qu'aurait dû être un discours liberal pendant la période covid. Nous n'en ferons bien sûr pas le tour du sujet dans un court article, il n'y aura que quelques principes. 

 

D’abord, rappelons que le libéralisme est une philosophie politique, et non une théorie économique. Bien sûr, le libéralisme est lié à l’économie de marché. En effet, le libéralisme prône la liberté, et donc le marché libre. Mais, c’est avant tout la défense de la liberté, donc, par exemple, de la liberté d’expression, d’opinion, de procréer, etc. Avec pour corollaire la responsabilité, puisque l’on est responsable de ses actes lorsqu’ils sont libres. Ceci étant un résumé grossier.

 

Il y a deux approches du libéralisme : l’utilitarisme, et la liberté comme un droit inhérent à la personne humaine. L’utilitarisme prône la liberté en la justifiant par son efficacité. C’est parce que la liberté conduit vers le bonheur de chacun qu’il faut mettre en place des politiques libérales. 

 

L’autre courant libéral ne justifie pas la liberté par son utilité, mais comme un droit donc, inhérent à la personne humaine. On se reportera pour bien comprendre la différence au merveilleux texte de Benjamin Constant, à propos de la principale figure de l’utilitarisme, Jeremy Bentham : « Du principe de l’utilité substitué à l’idée des droits individuels » (que vous pouvez lire ici).

 

Il y a également les anarcho-capitalistes, qui vont au bout du raisonnement de la liberté en tant que droit individuel. Ils posent le principe de non agression : nul n’a le droit de prendre l’initiative d’agresser autrui, car si chacun est libre, alors l’agression va à l’encontre de la liberté. Principe qui n’exclut pas la légitime défense : on a le droit de se défendre contre une agression. Or, l’État, par définition, dispose, s’octroie le droit d’agresser. En effet, l’État peut imposer des politiques, et il a le monopole de la force, avec la police. Donc, l'Etat est une nuisance, il faut dès lors se libérer de l’État pour que la Liberté puisse être. L’anarcho-capitalisme prône ainsi une société sans Etat.

 

Est-ce une utopie, est-ce réalisable ? Pourquoi pas ? Par exemple, le droit a souvent été basé sur des coutumes, ce qu’on appelle le droit coutumier, c’est-à-dire issu de la pratique, et non de lois. Mais, ce qu’il est important de souligner, c’est ce qui constitue la base de l’anarcho-capitalisme : l’éthique. Le libéralisme, c’est une question d’éthique. La liberté est une question d'éthique. 

 

Il y a différentes gradations dans le rôle donné à l'Etat par les libéraux, en dehors des anarcho-capitalistes qui rejettent l'idée d'un Etat.

 

Parmi les libéraux qui acceptent l'Etat, on peut citer le minarchisme, qui limite l’État à ses fonctions régalienne : justice, police, armée. L’État a dans ce cas le monopole de la violence, de la coercition.

 

Certains libéraux accordent une grande place à l'Etat, tout en considérant la liberté comme un principe. Ils considèrent que l'Etat peut aider à financer l'éducation (mais l'Etat ne doit surtout pas la contrôler) par exemple. L'impôt négatif, pour ceux qui ne gagnent pas assez, est une idée du libéral Friedman, et Hayek la soutenait. Comme Hayek soutenait un rôle de l'Etat pour corriger ce qu'on appelle des externalités (en quelque sorte des conséquences néfastes et non voulues de l'activité humaine).

 

L'interventionnisme de ces libéraux est qualifié de sociale-démocratie par Ludwig von Mises d'ailleurs.

 

Examinons maintenant ce qu'aurait dû être l'attitude libérale durant la période covidesque. Précisons à nouveau qu'il ne s’agit pas ici de préconiser de soigner ou de ne pas soigner, de vacciner ou de ne pas vacciner. Il s’agit de l’attitude libérale.

 

Quelle devait être l'attitude libérale face aux soins? Il a été décidé, par l’État, de ne pas soigner, la doctrine officielle considérant qu’on ne pouvait pas soigner le Sars Cov 2. Certains médecins considéraient par contre qu'en matière de maladie respiratoire, on meurt beaucoup de complications. Donc, qu’il fallait soigner les symptômes. D’autres, proposaient des traitements, à base de la pharmacopée existante, avec notamment l’ivermectime. Quelle devait être l'attitude libérale ?

 

D'un point de vue utilitariste, évidemment, la réponse est qu'il faut soigner. Il faut tenter. Une attitude rationnelle est également de tenter des traitements à base de molécules connues, que l'on sait doser sans mettre le patient en danger. C'est même un principe de l'éthique médicale. 

 

Concernant les libéraux par principe, le principe justement repose sur le choix du patient. A lui de décider de se faire soigner ou non, et le choix du traitement, ou le choix de faire confiance à un médecin, ou pas. Les anarcho-capitalistes suivent cette logique, bien sûr. 

 

Ajoutons que les utilitaristes comme les libéraux par principe défendent la liberté d'opinion et d'expression. Ils s'opposent à la censure. A tout ce qui peut être entrepris pour faire taire quelqu'un qui exprime une opinion, tant que ce n'est pas un appel à la violence, et tant que cette opinion n'est pas exprimée de manière violente (en cherchant à faire taire les opinions contraires par exemple). Par conséquent, ils sont opposés à tout ce qui pourrait empêcher telle ou telle opinion de s'exprimer.

 

Enfin, les libéraux que l'on pourrait qualifier d'interventionnistes seraient favorable à une aide au financement d'une assurance maladie pour ceux qui n'en auraient pas les moyens. 

 

Considérons l'attitude libérale face au sujet de la vaccination maintenant. A nouveau, différents spécialistes exprimaient différentes opinions sur la question. D'abord, évidemment, l'idée qu'il fallait soigner, et que la vaccination n'était pas forcément indispensable si on soignait. Ceux qui considéraient qu'ils fallait vacciner tout le monde. Ceux qui considéraient qu'il ne fallait vacciner que les personnes à risque. Ceux qui voulaient forcer à la vaccination ou laisser chacun libre.

 

Quelle aurait dû être l'attitude libérale ? D'un point de vue utilitariste, le plus efficace est de laisser chacun décider. La critique immédiate : chaque individu est-il capable de prendre la bonne décision ? Ou encore, quid de l'intérêt général ? La réponse est simple: il y a plusieurs opinions, qui proviennent de spécialistes, reconnus. C'est donc un choix entre opinions valables. Il n'y a pas une opinion évidente, sauf pour soi-même. Il n'y a donc pas une opinion qui représenterait l'intérêt général. Dit autrement, l'intérêt général est différent selon chacun.

 

De plus, si on refuse au citoyen la capacité et la liberté de choix quand il y a diversité d'opinion, la pente est dangereuse et pourrait mener au rejet du droit de vote, de la démocratie. 

 

Pour les libéraux par principe, et a fortiori pour les libertariens, la réponse est claire: à chacun son choix, chacun prend ses décisions. C'est un droit rattaché à la personne humaine, une question d'éthique pour les libertariens.

 

Bien sûr, il est autorisé, et normal, pour des libéraux, de critiquer les opinions d'autrui. Tout comme d'accepter la critique de ses propres opinions. Tout en condamnant la critique violente, c'est-à-dire qui chercherait à faire taire par exemple, à menacer, à diffamer, etc.

 

Nous venons de décrire, de démontrer même, les attitudes libérales face au coronavirus. A-t-on entendu un discours libéral, de la part de ceux qui se disent libéraux, pendant la période covid ?

 

Force est de reconnaître qu'on a peu entendu de discours en faveur de la liberté de soins. Force est de constater qu'il y a eu peu de critiques contre la censure, de la part des libéraux, peu de défense de la liberté d'expression. Force est de constater que la liberté de choix en matière de vaccination n'a pas été défendue par les libéraux. Certains ont même approuvé les mesures coercitives du gouvernement ! Mais où sont passés les libéraux ? J'ai il est vrai lu une opinion libérale, de quelqu'un qui était pro-vax mais qui soutenait le libre choix. Ce n'était pourtant pas un libéral, mais un conservateur, et qui le revendiquait!

 

On pourrait trouver comme excuse la peur engendrée par le virus. Mais c'était valable au début seulement. De plus, les principes libéraux auraient dû pousser à surmonter la peur, et à combattre contre les dérives liberticides. 

 

Que sont les libéraux devenus ? Ont-ils disparu, ont-ils seulement existé? Un courant libéral a-t-il réellement existé en France, ou n'était-ce qu'un soufflé complètement retombé aujourd'hui ? Ou encore, ceux qui se prétendaient libéraux l'étaient-ils vraiment ?

 

L'après covid fait apparaître un grand vide libéral. D'une certaine manière, un tri à été fait, mais il est tellement radical! L'on peut supposer que beaucoup libéraux ne connaissaient finalement pas le libéralisme.

 

Le constat fait ici est-il trop pessimiste? On peut l'espérer. Même si, pour le moment, c'est une profonde déception qui s'impose.

 

 

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