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L'école autrichienne d'économie, la dynamique de l'économie.

L’Ecole Autrichienne d’Economie, de Jesús Huerta de Soto

13 Avril 2019 , Rédigé par Le blog autrichien

L’Ecole Autrichienne d’Economie, de Jesús Huerta de Soto


 

Il existe peu de bons livre pour s’initier à l’économie. L’Institut Coppet vient de rééditer un livre remarquable pour découvrir l’école autrichienne d’économie : L’Ecole Autrichienne, Marché et Créativité Entrepreneuriale, écrit par Jesús Huerta de Soto. C’est un livre qui réussit la performance d’être à la fois court, complet et précis, et écrit dans un langage abordable.


 

Jesús Huerta de Soto est un bon connaisseur de l’école autrichienne d’économie, et un grand économiste. Il a notamment écrit Monnaie, crédit bancaire et cycles économiques, dont la première édition date de 1998. S’appuyant sur la théorie autrichienne du cycle, et ses fondements monétaires, il y prédit la crise économique qui se déclenchera en 2007 (même si on la nomme la crise de 2008, les premiers symptômes apparaissent en 2007).


 

Dans L’Ecole Autrichienne, Huerta de Soto présente dès le début les bases de l’école autrichienne d’économie. Dès le titre, peut-on dire, puisqu’il y souligne la créativité entrepreneuriale. L’école autrichienne considère en effet que l’économie est constituée par la multitudes des actions des êtres humains. De Soto souligne le rôle de l’entrepreneur dans cette dynamique. L’entrepreneur, c’est celui qui agit aujourd’hui pour obtenir les fruits de cette action dans l’avenir. C’est l’action entrepreneuriale qui crée une dynamique dans l’économie. C’est bien sûr l’action de celui qui crée une entreprise. Mais aussi de celui qui suit une formation pour gagner plus à l’avenir.


 

De Soto fait une comparaison avec l’école néoclassique. L’école autrichienne et l’école néoclassique sont en effet souvent confondus. Les deux sont nées à la même époque. Les deux soutiennent l’économie de marché. Mais les néoclassiques ont une approche statique de l’économie, en terme d’équilibre général. La comparaison avec l’école autrichienne met en valeur l’approche dynamique de celle-ci.


 

Après avoir posé les bases de l’école autrichienne, Huerta de Soto en présente les principales figures, avec leurs principaux apports. Il commence par souligner que les scolastiques espagnols sont sans doute les précurseurs de l’école autrichienne. C’est là peut-être le seul léger défaut de ce livre, d’insister sur ce point. Espagnol lui même, de Soto est excusable. D’autant plus que l’école autrichienne reconnaît les apports des scolastiques. Cependant, Carl Menger, de qui est partie l’école autrichienne, s’inspirait tout autant de l’Abbé de Condillac, de l’école française, d’économistes allemands oubliés aujourd’hui, et même de Smith.


 

Néanmoins, de Soto a le mérite d’inscrire l’école autrichienne dans l’histoire de la pensée économique. Les économistes de cette école reconnaissent les apports de ceux qui les ont précédés. Comme les scolastiques, comme Richard Cantillon, comme Jean-Baptiste Say. Et de Soto, en mettant en exergue les scolastiques espagnols, montre que l’économie moderne n’a pas commencé avec Smith.


 

De Soto présente donc les principales figures de l’école autrichienne, dans l’ordre chronologique. Il commence bien sûr par le fondateur, même s’il ne pensait pas fonder une école d’économie, Carl Menger. A travers Menger, de Soto insiste sur le subjectivisme de l’école autrichienne, et ses implications. Il insiste aussi sur le cycle de production. Carl Menger a en effet insisté sur le fait que les biens intervenaient à différents moments du cycle de production. Il a ainsi introduit le temps dans la théorie économique. Encore une particularité de l’école autrichienne.


 

De Soto consacre un chapitre à Böhm-Bawerk, pour sa théorie du capital. A Ludwig von Mises, qui a posé les bases actuelles de l’école autrichienne. Avec notamment la théorie de la monnaie, du crédit, des cycles économiques, de la fonction entrepreneuriale, et de la méthodologie en économie. Enfin, Hayek et sa théorie de l’ordre spontané du marché sont à l’honneur.


 

De Soto place chaque auteur dans le contexte historique de l‘époque, et même dans le contexte de la pensée économique. Pour Mises et Hayek, il propose également une courte notice biographique. Il replace aussi, quand c’est nécessaire, les théories de ces auteurs dans les débats de l’époque. Comme le débat entre Carl Menger et les historicistes allemands. Ou les débats d’Hayek avec Keynes ou l’école de Chicago.


 

Le livre se conclut sur une présentation des développements contemporains de l’école autrichienne. Autant de pistes pour qui veut approfondir ses connaissances. Il y cite, Rothbard, Kirzner, notamment. Il souligne également l’influence de l’école autrichienne dans les sciences sociales en général. Et répond à quelques critiques généralement formulées à l’encontre de l’école autrichienne. Notons également une impressionnante bibliographie, qui constitue une liste de portes d’entrées pour l’étude de la pensée économique.


 

Au final, on s’étonne d’une telle richesse en un aussi faible nombre de page. En effet, l’édition de l’Institut Coppet ne comprend que 168 pages, hors bibliographie. Ce qui est peu pour un livre aussi riche. Malgré cette densité, le livre est d’une lecture très abordable même pour un néophyte. Et il constitue également une ressource précieuse pour les étudiants, qui y trouveront une description précise dé l’école autrichienne, et de multiples sources pour approfondir leurs connaissances. C’est un livre idéal d’introduction à l’école autrichienne d’économie, et un remarquable livre d’économie tout court.

 

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