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L'école autrichienne d'économie, la dynamique de l'économie.

Afuera, et libertarianisme

26 Octobre 2024 , Rédigé par Le blog autrichien

Afuera! Nouveau slogan libertarien? C’est le slogan du nouveau président de l’Argentine. Ce président a une particularité. Déjà, il connaît l’école autrichienne d’économie. Ensuite, il est qualifié de libertarien. Ce qui n’est pas sans rapport avec l’école autrichienne d’économie.

Comme tout ce qui concerne le libéralisme, la définition du libertarianisme est multiple. Elle peut simplement désigner le libéralisme, car en anglais, le mot “liberal” est devenu synonyme de progressisme. Le mot “libertarianism” le remplace donc. Ce n’est pas tout à fait exact, mais c’est un point de départ. Cela explique le flou de la définition, car, finalement on finit par mettre un peu de tout derrière ce terme. Cependant, cette définition vaut surtout pour les Etats-Unis.

Toutefois, même dans ce sens, on donne au terme un sens plus ou moins radical. Ainsi, selon l’encyclopédie Wikibéral, “le libertarianisme (ou, rarement, libertarisme) est une philosophie tendant à favoriser au maximum la liberté individuelle, que celle-ci soit conçue comme un droit naturel ou comme le résultat du principe de non-agression”. Wikibéral précisant par ailleurs que “le terme anglais de libertarian (libéral) a un sens plus étendu que le terme français "libertarien". Il y aurait donc une certaine radicalité dans le libertarianisme. Le libertarianisme s’opposerait à l’Etat.

Soulignons cependant la relativité de cette radicalité. Le libéralisme est une philosophie de la liberté. John Lock s’opposait ainsi déjà à ce qui était l’Etat à son époque, la monarchie. Il considérait que la monarchie n’avait pas à tout régir, et que l’individu avait le droit de se révolter. La question de la place et du pouvoir de l’Etat a donc toujours été au cœur du libéralisme.

Cependant, depuis longtemps, le libéralisme a été confondu avec l’économie de marché. Même si un auteur comme Milton Friedman a aussi écrit sur la liberté, par exemple, il est connu pour ses théorie économiques qualifiées “d’ultra-libérales”. Alors qu’il ne s’agit que d’économie. Même si on peut établir des liens entre économie de marché et libéralisme, le libéralisme ce n’est pas la science économique.

Le libéralisme, c’est, par exemple, la liberté d’expression, la liberté d’opinion, la liberté de critique, la liberté de ne pas être d’accord. La limite, c’est la violence, l’agression : interdiction d’user de violence, c’est-à-dire, en fait, de porter atteinte à la liberté d’autrui. Mais droit à la légitime défense.

D’une certaine manière,  le libertarianisme revient aux fondamentaux du libéralisme. Du moins, dans sa version fourre-tout. Car il y a effectivement une version qui prône la suppression de l’Etat. Cette version, qui se considère comme la seule authentique, est l’anarcho-capitalisme. Elle est portée par des successeurs de Ludwig von Mises, et reprennent une axiomatique à l’image de l’école autrichienne d’économie.

Pour rappel, l’école autrichienne d’économie est basée sur l’axiome de l’action. Un axiome est une proposition évidente, admise sans démonstration. L’individu agit, c’est un axiome car on ne peut le nier: le simple fait de le nier est une action. A partir de cet axiome, la théorie économique est déroulée a priori, c’est-à-dire qu’il n’est pas fait appel à l’observation empirique. Pour plus de détails, on se référera à l’article “l’apriorisme axiomatique”.

L’idée est que la théorie économique est définie sur des bases aussi solides que les mathématiques. On considère un axiome, ou des axiomes, et les théorèmes découlent de la démonstration. Telle est l'ambition de l’anarcho-capitalisme. Il s’agit de construire une théorie qui prouve que le libertarianisme, ou, plus simplement, la liberté, est propre à la nature humaine, et de le prouver à partir de deux axiomes.

Je me réfère pour l’explication de l’anarcho-capitalisme à l’excellent site GIDMOZ, école autrichienne d’économie, que je recommande. L’anarcho-capitalisme est théorisé par Hans Hermann Hoppe. Hoppe reprend l’axiome de l’action: on ne peut nier que cette proposition est vraie.

Le second axiome est l’a priori de l’argumentation. Là encore, c’est un axiome, car nous nous livrons justement à l’argumentation, et si vous voulez me contredire, vous vous livrez à l’argumentation.

Ces deux axiomes sont entremêlés. Le fait de pouvoir agir et d’argumenter signifie que l’individu a la propriété de son corps. Il n’est pas possible d’agir si on ne pouvait s’approprier des éléments, des choses qui n’appartiennent à personne. En résumé, l’individu est propriétaire de lui-même, ce qui implique que ce qu’il fabrique est sa propriété, et que ce qui est sans propriété et qu’il s’approprie est sa propriété.

L’individu est propriétaire de lui-même, et nul n’a le droit d'attenter à lui, donc à sa propriété. C’est le principe de non agression de l’anarcho-capitalisme. Nul n’a le droit d’attenter à la propriété d’autrui, dont son corps, donc même un Etat n’a pas ce droit. Si l’Etat n’a pas ce droit, l’Etat n’a pas de raison d’être. L’anarcho-capitalisme prône une société sans Etat donc. Car l’Etat enfreint le principe de non agression en s'immisçant dans la vie des individus.

Pour échapper à l’Etat, l’anarcho-capitalisme ne prône pas la révolution. Il prône la sécession, les mille Lichtenstein.

Une société sans Etat, impossible ? Rappelons que l’Etat moderne date du XXème siècle. Il s’est surtout développé après la deuxième guerre mondiale. Au Moyen Age, l’Etat n’existait pas. Les terres étaient possédées. En droit il a longtemps existé le droit coutumier, non écrit, et la common law anglaise est non écrite. Il n’y a pas de constitution écrite en Angleterre, même si tout est codifié. Bref, une société sans Etat est parfaitement imaginable, même si elle semble, à mon humble avis, improbable aujourd’hui.

Qu’en est-il par contre du raisonnement concernant la propriété de son corps par un individu. L’ambition de l’anarcho capitalisme est de démontrer le libéralisme rationnellement, comme l’école autrichienne le fait avec l’économie. La liberté est une composante intrinsèque de l’individu car celui-ci est propriétaire de lui-même. Cela prête à débat. Déjà, peut-on être propriétaire de soi-même ? De plus, en droit, le fait de contrôler quelque chose, et d’en récolter les fruits, ne signifie pas forcément en avoir la propriété. Cela s’appelle l’usufruit. Bref, la démonstration n’est pas aussi limpide que celle de l’école autrichienne d’économie.

Le principe de non agression est intéressant, et utile. On pourrait reprendre ce principe, sans reprendre le principe de propriété de soi. Cependant, pour les anarcho-capitalistes, le raisonnement menant à la propriété de soi est primordial, car il fonde la théorie libérale sur la logique.

Nous avons donc une théorie qui se veut basée sur l’axiome de l’axiome de l'action, à l’image de l’école autrichienne d’économie. Dont les défenseurs soutiennent la logique. Mais qui, à mon humble avis, n’a pas la solidité de la théorie économique de l’école autrichienne.

Je suis donc en désaccord avec les bases de l’anarcho-capitalisme, tout en appréciant le principe de non agression. Pourtant, je reconnais que c’est l’un des seuls mouvements libéraux quelque peu structuré en France, et surtout vivace. J’apprécie qu’il fasse vivre la philosophie de la liberté, face à la disparition, ou à la démission, d’autres structures. Je vous invite ainsi à visiter le site des Editions John Galt (les initiés comprendront la référence), et les Lettres de libéralie. Je suis pour le débat, et, surtout, la promotion de la liberté, en ces temps obscurs.

Pour en revenir au président argentin, Javier Milei, on comprendra que, même si le phénomène les intéresse, les anarcho-capitalistes ne le considèrent pas comme un libertarien. Ils craignent même, je pense, qu’il ne brouille le message.

Milei peut entrer dans la définition fourre-tout du libertarianisme, et en tout cas être qualifié de libéral au sens classique du terme (mais pas pour les anarcho-capitalistes, qui ne considèrent pas d'autre libéralisme que le leur). Cependant, il est un homme politique. Il y a une différence entre la politique et la théorie. Il n’a pas les pleins pouvoirs. Je reconnais que j’étais persuadé qu’il ne pourrait pas appliquer son programme. Et, même si les résultats sont encourageants, il faudra tenir dans la durée, et voir comment réagissent les Etats argentins. L’Argentine étant un pays fédéral.

Je souhaite la réussite aux argentins.







 

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