Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
L'école autrichienne d'économie, la dynamique de l'économie.

D'où vient l'économie ?

5 Juin 2020 , Rédigé par Le blog autrichien Publié dans #Manuel d'économie

D'où vient l'économie ?

 

Nouveau chapitre de ce manuel d'économie. Après le chapitre introductif, nous allons nous poser la question: d'où vient l'économie ?

 

L'économie est une science récente. Rien à voir avec la géométrie, par exemple, qui existe depuis l'Antiquité. Même si on peut trouver dans les écrits de cette époque des notions qui se rapportent à ce que nous appelons aujourd'hui économie, il n'y a pas de théorie économique. Comme l’écrit Ludwig von Mises :

 

" L'économie est la plus jeune de toutes les sciences. Dans les deux cents dernières années, il est vrai, nombre de sciences nouvelles ont émergé des disciplines familières aux anciens Grecs. Toutefois, ce qui s'est produit là fut simplement que des parties du savoir, qui avaient déjà trouvé leur place dans le complexe du vieux système des connaissances, accédèrent à l'autonomie. "1


 

C'est pourquoi il est intéressant de se poser la question : pourquoi cette nouvelle science est-elle apparue ? Plus précisément, quel phénomène nouveau a pu impliquer l’émergence de cette science ? Ce qui permettra d’approcher l’objet d’étude de la science économique.

 

La première approche moderne de ce qui est aujourd’hui l’économie est à mettre au crédit des scolastiques du seizième siècle, plus précisément l’école de Salamanque. Selon Lew Rockwell, fondateur du Mises Institute :

 

" Parce que le droit naturel et la raison sont des idées universelles, le projet scolastique était de rechercher des lois universelles qui régissent la façon dont le monde fonctionne. Et bien que l’économie n’était pas considérée comme une discipline à part entière, ces chercheurs ont été amenés au raisonnement économique comme un moyen d’expliquer le monde qui les entourait. Ils ont cherché des régularités dans l’ordre social et ont fait reposer les normes catholiques de justice sur ces régularités."2

 

Ces scolastiques recherchaient des régularités. Ce qui est appelé des lois économiques de nos jours. Ils faisaient donc un véritable travail de théorisation, sans que la matière théorisée soit nommée. Lew Rockwell ajoute :

 

"Si les cités italiennes ont commencé la Renaissance au XVe siècle, c’est au cours du seizième que l’Espagne et le Portugal ont exploré le monde nouveau, et qu’ils sont apparus comme des centres du commerce et de l’activité économique."

 

Nous voyons ce qui a suscité ces réflexions économiques : le développement du commerce. Les scolastiques étaient des religieux. Ils étaient un peu les intellectuels du XVIè siècle. On leur posait des questions sur les évolutions de la société. Notamment, on leur demandait si les actions étaient justes. On s’interrogeait sur le commerce, par rapport à la religion.


 

On peut noter au passage l’extraordinaire modernité des écrits des scolastiques. Comme par exemple, Luis de Molina (1535-1601), qui avait une théorie de la valeur proche de la théorie actuelle, comme le souligne Lew Rockwell :


 

" Parmi tous les penseurs de sa génération favorables au libre marché, Molina était le plus pur dans sa vision de la valeur économique. Comme les autres scolastiques de la dernière génération, il convenait que les marchandises n’étaient pas valorisés « selon leur noblesse ou la perfection », mais selon « leur capacité à servir l’utilité humaine ». Il en a d’ailleurs donné un exemple convaincant. Les rats, de par leur nature, sont plus « nobles » (plus haut dans la hiérarchie de la création) que le blé. Mais les rats « ne sont pas estimés ou appréciés par les hommes », car « ils ne sont d’aucune utilité quelle qu’elle soit ». "


 

Le commerce, c’est aussi le titre du premier livre d’économie : Essai sur la nature du commerce en général, de Richard Cantillon (1680-1734). Ecrit en 1730, le manuscrit circulait clandestinement, avant une première édition en 1755, après la mort de l’auteur donc. C’est un ouvrage encore une fois précurseur. Cantillon y définit le concept d’entrepreneur, rien de moins. Il y décrit aussi le concept d’inflation, avec ce qu’on appelle encore aujourd’hui l’effet Cantillon. A nouveau donc, on retrouve le commerce dans le titre de l’ouvrage.


 

L'ouvrage qui est considéré officiellement comme le premier livre d'économie n'est cependant pas celui de Richard Cantillon. L'Essai sur la nature du commerce en général a sans doute eu une parution trop rocambolesque, et pas suffisamment connue, pour être reconnu à l'époque. C'est le célèbre livre d'Adam Smith (1723-1790), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, qui a cet honneur. Ce livre est par ailleurs paru l'année de l'Independence Day des USA, en 1776, ce qui renforce son aura.


 

Il y a dans le titre le terme richesse. C'est la période de la révolution industrielle. C'est une période d'augmentation de la prospérité. Smith s'interroge donc sur l'origine de cette richesse. Un autre grand économiste, le français Jean-Baptiste Say (1767 - 1832) donnera d'ailleurs comme sous titre à son Traité d'économie politique :


 

" Simple exposition de la manière dont se forment, se distribuent et se consomment les richesses. "


 

L'expression " simple exposition " montre que Say ne fait qu'observer des phénomènes. Il ne cherche pas à créer une politique économique. De même que les scolastiques, de même qu'Adam Smith. Tous ces auteurs ne font qu'observer, que constater, les phénomènes que nous qualifions aujourd'hui d'économique. Ainsi Adam Smith est célèbre pour son expression de "main invisible". Il ne faisait qu'un constat : là où le commerce et l'industrie sont libres, la prospérité de tous se développe.


 

L'étude de l'économie est donc née de l'apparition d'un phénomène : le développement du commerce, et le développement de la prospérité dans certains pays. On s'interroge sur le caractère du commerce, et l'origine de la prospérité. L'ouvrage de Cantillon étant précurseur, liant plus que Smith commerce et prospérité, de même que Jean-Baptiste Say. C'est Jean-Baptiste Say d'ailleurs qui, le premier, va explicitement lier l'échange, c'est-à-dire le commerce, à la prospérité, à la richesse des nations comme dirait Smith. Ce que nous allons développer dans le prochain chapitre.


 


 


 

1 L’Action Humaine, Ludwig von Mises

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article